mardi 7 juin 2016

Lu et approuvé : Aimer trois fois par jour de Fausto Brizzi

Aimer trois fois par jour
Titre original : "Se mi vuoi bene"
de Fausto Brizzi
(Mai 2016 - Fleuve Éditions)

Ma prescription : à déguster sans modération
4*

Si vous êtes ronchon ces temps-ci parce que le temps est toujours à la grisaille, et à la pluie, que vos vacances sont encore loin et que vous en avez marre des grèves de transport qui riment avec encore et que vous avez l'impression que tout est bof alors je vais vous confier mon remède : ce roman est pour vous. Si vous connaissez un ami dans cette situation, ce roman est pour lui aussi.

Posologie : Nombre de pages à volonté, à lire n'importe où.
Ne le commencez pas dans les transports en commun où une salle d'attente silencieuse car vos éclats de rire des premiers chapitres risquent fort de vous faire remarquer, et les autres sauront que vous êtes sous traitement littéraire. Mais si vous vous en fichez faites-vous plaisir et si on vous regarde répondez d'un "mais quoi ?" interrogatif et haussez les épaules.

Ce n'est pas n'importe quel traitement, il nous vient d'Italie, pays de la commedia dell'arte : Fausto Brizzi c'est un spécialiste de la réalisation, scénariste et producteur, donc un expert dans la comédie. Son premier roman paru en France en 2015 "Les beignets d'Oscar ou mes 100 jours de bonheur" est en cours d'adaptation pour le cinéma et c'était déjà un premier roman efficace. 

Ingrédients : Ses héros rencontrent toujours des difficultés imposées par la vie, et l'on se demande comment ils feront évoluer leur situation.
Le pouvoir de Fausto Brizzi est d'avoir un regard touchant, juste et humaniste sur les gens et la société. Il y a toujours un soupçon de mélancolie, une once de nostalgie, une bonne dose d'humour, des miettes de subtilité (2 miettes éparpillées vous rappelleront son premier roman), et surtout 297 pages d'AMOUR.

Qu'est-ce que "Aimer trois fois par jour" ? C'est l'histoire de Diego, avocat, pour qui rien ne va plus, glisse vers la dépression,  et cherche une solution pour aller mieux. On rit, puis on sourit, enfin on s'attendrit.

Effets désirables éventuels constatés : la banane et la pêche. Pardon,  je voulais dire que ce roman vous redonnera sourire et énergie. A déguster donc sans modération. Dans ce cas il se peut que vous soyez en rupture de stock rapidement. 

Lu et apprécié.

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Présentation de l'éditeur

Il existe une différence fondamentale entre aimer quelqu'un et le rendre heureux. 
À plus de quarante ans, un mariage conjugué au passé, des enfants distants et une dépression à son actif, Diego Anastasi l'ignore encore. 
Comme sa vie ne ressemble désormais guère à une partie de plaisir, il cherche du réconfort auprès de ses proches et fait une découverte inattendue : peu nombreux sont ceux qui désirent de prendre réellement soin de lui. Or, Diego aussi était souvent aux abonnés absents pour apporter du soutien à autrui... 
Alors qu'il peine à voir la lumière au bout du tunnel, la rencontre avec un inconnu va changer la donne : et si le bien-être personnel passait par le bien-être des autres ? 
Convaincu de tenir la clé de sa rédemption, Diego se lance corps et âme dans sa nouvelle mission : créer le bonheur de ses proches.

Biographie de l'auteur

Fausto Brizzi est un réalisateur, scénariste et producteur italien, plusieurs fois récompensé. Son premier roman,Les Beignets d'Oscar ou Mes 100 jours de bonheur (Fleuve Éditions 2015, Pocket 2016), l'a immédiatement propulsé sur le devant de la scène littéraire internationale avec des traductions dans une trentaine de pays et une adaptation cinématographique en cours. Aimer trois fois par jour est son deuxième roman chez Fleuve Éditions.





dimanche 5 juin 2016

Lu et approuvé : Le grand marin de Catherine Poulain

Le grand marin
de Catherine Poulain
(Février 2016 - Éditions de l'Olivier)

Mon avis : un premier roman fragile et émouvant 
4*

J'aime bien les premiers romans, ils contiennent toute l'énergie, la volonté, le dépassement de son auteur dans cette aventure littéraire afin d'offrir au lecteur un voyage, une expérience osée, souvent aboutie, une émotion qu'elle soit finalement perçue, ou non.

Et c'est exactement ce sentiment que j'ai éprouvé avec l'héroïne de ce roman, Lili. Nous ne savons pas exactement pourquoi elle quitte précipitamment la France pour se réfugier en Alaska (c'est le début du roman). Mais elle dégage une énergie, une volonté qu'elle affiche "je veux vivre", et en plus d'un dépaysement total, un dépassement de soi pour parvenir à faire aussi bien ou mieux que ces marins - pêcheurs avec qui elle embarque. Et en même temps elle n'a pas peur de mourir et d'affronter les éléments déchaînés, la rudesse de ses compagnons.

Et il y a cette fragilité. On la considère comme une enfant, et elle s'insurge cette petite femme. Le style de Catherine Poulain conforte cette impression avec un style parlé, ce qui m'a surpris au début car ce n'est pas ce que je préfère, ce ton rythmé à l'aide de phrases courtes, ou nominales, l'emploi constant du présent, on suit la narration presque enfantine de Lili qui s'avère émouvante au fil de l'histoire. D'aucun pourrait considérer l'histoire un peu mince d'un point de vue des rebondissements mais c'est parce que toute l'énergie est placée dans l'héroïne et cette volonté d'être libre, de vivre, de se mettre en danger face aux éléments et aux hommes. 

Ce roman a remporté de nombreux prix et était nommé au Goncourt dans la catégorie premier roman.

Un très beau roman qui ne laissera pas insensibles les amoureux de la mer, des grands espaces, qui vous rappelera la nature sauvage et les aventuriers de l'absolu chers à Jack London.

Citation : "Il fait si beau dans tous ces cris. Le soleil était presque tiède au port, la brise, sitôt quitté l'abri de la jetée, nous donne la chair de poule, hérissant nos bras nus, rabat nos cheveux dans les yeux, m'enivre, avec ses odeurs d'algues, ses parfums âpres et puissants comme des appels vers le grand large."

... une belle invitation à prendre le large avec le grand marin, assurément. Lu et apprécié.

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Présentation de l'éditeur

Quand Lili Colt arrive à Kodiak, un port de l'Alaska, elle sait qu'elle va enfin réaliser son rêve : s'embarquer sur un de ces bateaux qui partent pêcher au loin. Pour la jeune femme, une runaway qui a fui jadis le confort d'une famille française pour " faire la route ", la véritable aventure commence. Le choc est brutal. Il lui faut dormir à même le pont dans le froid insupportable, l'humidité permanente et le sel qui ronge la peau, la fatigue, les blessures...Seule femme au milieu de ces hommes rudes, au verbe rare et au geste précis qui finiront par l'adopter. A terre, Lili partage la vie des marins -les bars, les clubs de strip-tease, les motels miteux. Quand elle tombe amoureuse du " Grand marin ", elle sait qu'il lui faudra choisir entre sa propre liberté et son attirance pour cet homme dont la fragilité la bouleverse. Entre Jack London et Marguerite Duras, Catherine Poulain fait entendre une voix unique dans le paysage littéraire français, avec ce magnifique premier roman qu'on devine très autobiographique.

Biographie de l'auteur

Catherine Poulain, est née en 1960. Elle commence à voyager très jeune et à multiplier les expériences professionnelles. Ouvrière dans des conserveries de poissons en Islande, saisonnière agricole en France et au Canada, barmaid à Hong Kong, employée sur des chantiers navals aux Etats-Unis, dans la pêche durant dix ans en Alaska. Elle partage aujourd'hui sa vie entre les Alpes de Haute-Provence et le Médoc où elle est respectivement bergère et ouvrière viticole.